EXPOSITION LATIUM, LE LEGS DU DUCE
De mardi 25 Janvier / 10:00 au vendredi 29 Mai / 19:00
Pour en découvrir + sur Julien Goldstein c'est par ici.
Pour écouter la rencontre organisée en présence du photographe le 21Février au studio La Vignette, c'est par ici.
La Galerie H fera partie de la section Hors les murs des Boutographies (7 au 29 mai 2022)
Du 25 janvier au 29 mai dans la galerie H de l'Université Paul-Valéry.
Le Centre Culturel Universitaire de l'Université Paul-Valéry (CCU) vous invite à découvrir l'exposition du photographe de presse Julien Goldstein : Latium, le legs du Duce.
Le 21 Février à 18h, au Studio la Vignette, rencontre avec Julien Goldstein et projection de son film.
"En novembre 2015, j’ai bénéficié d’une résidence d’un mois à la Villa Medicis à Rome pour réaliser un travail photographique sur le patrimoine architectural laissé par Benito Mussolini après sa transformation de la ville dans les années 1930.
Comme toutes les entreprises architecturales totalitaires, l’œuvre urbanistique de Mussolini poursuivait plusieurs objectifs : assurer sa légitimité en renouant avec un passé antique glorieux, affirmer son autorité à travers des réalisations monumentales et susciter l’avènement d’hommes « nouveaux », dont la force, la pureté et le dévouement serviraient les ambitions de conquête de l’Etat. De cette période où s’est exprimée la soif de domination, de guerre et d’idéal du Duce, mais aussi sa mégalomanie restent des voies de circulation, des bâtiments, des centres d’activité dans lesquels évoluent les Romains d’aujourd’hui, et c’est ce rapport entre passé et présent que j’ai souhaité montrer.
Ce lien, je l’ai également trouvé en dehors de Rome, à Latina, l’une des « villes nouvelles » édifiées à la même époque. Car si la capitale constituait un projet en soi, elle n’en était pas moins un laboratoire pour faire sortir de terre, là où alors ne s’étendaient alors que des marécages, des structures urbaines modèles conçues, bâties et organisées de A à Z. Elles étaient destinées à accueillir une humanité d’un nouveau type, celle que le Duce voulait à son image.
Aujourd’hui, Latina, Pontinia, Sabaudia, Alghero, Aprilia et Foggia accueillent surtout ce qu’il reste d’un désastre économique et social, et leur population reflète cette histoire. Colonisées dans les années 1930 par une immigration venue du Nord (ouvriers pour assécher les marais, paysans pour cultiver les terres et cadres du parti fasciste pour les peupler et les gérer), elles connurent dans les années 1960 un important développement industriel qui nécessita l’importation d’une nouvelle main d’œuvre, du Sud cette fois. Vingt ans plus tard, le déclin de ces usines fut à la mesure de leur essor : fulgurant. Ces centres urbains censés glorifier le pouvoir, l’ordre et la réussite devinrent des zones oubliées par l’Etat, et dont l’économie fut sacrifiée sur l’autel de la délocalisation. Y apparut alors une troisième immigration, d’origine étrangère. Volontiers attisé par les « pionniers » au discours nostalgique, le sursaut nationaliste qu’elle suscita conduisit, il y a une quinzaine d’années, l’extrême droite à la tête de certaines mairies.
Dans ces paysages urbains créés de toutes pièces il y a un peu moins d’un siècle, quelles traces sociales et politiques – et quelles cicatrices – ont laissé les différentes strates sur lesquelles elles se sont bâties ? Comment vit-on, aujourd’hui, dans ce qui a été conçu comme le laboratoire de l’homme nouveau ? Mon projet tente de répondre à ces questions en m’immergeant dans ces villes pour y discerner de quelles manières leur passé influence leur présent."
Julien Goldstein est né en 1979. Après avoir été assistant chez Magnum, travaillant entre autres avec la rédactrice en chef, Ayperi Karabuda Ecer, il a décidé de se lancer dans une carrière de photojournaliste. S'appuyant sur ses origines roumaines, il a exploré l'histoire de ce pays et sa transition d'une république socialiste à un état démocratique. IL a ensuite exploré les anciennes républiques soviétiques et son reportage Transdnistrie, un musée vivant a été exposé en 2003 au festival Visa pour l'image de Perpignan. Particulièrement intéressé par la Turquie et les questions géopolitiques que posent la question kurde, il a mené à bien un projet de cinq années intitulé "Kurdistan, la colère d'un peuple sans droits", pour lequel il a reçu une bourse de la Fondation Lagardère en décembre 2009. Ce travail a été publié sous forme de livre en Janvier 2012 et exposé au festival Visa pour l'image. Il a également été finaliste du Visa d'Or Magazine cette année là. Ses photographies sont régulièrement publiées dans la presse française et internationale, notamment dans : Geo, Le Monde, M Le Monde, L'Equipe Magazine, The New York Times, D della Repubblica, Spiegel...